De tous temps, l'homme a tenté de comprendre ce qu'il se passe dans les profondeurs des océans, dans cet espace difficilement accessible, où la vie se décline différemment, où nos capacités de perception, de représentation sont limitées : l'Islunk. Alors, notre imaginaire s'envole, fantasmant parfois les individus qui le peuplent. Mais pour eux, qu'en est-il? Comment perçoivent- ils cette espèce étrange et destructrice qui vit au dessus du ciel de l'eau? Notre monde terrestre leur est totalement inconnu, et pourtant, il modifie chaque jour un peu plus leur environnement. Nous prennent-ils pour des dieux, vivant dans le revers de leur monde, qu'ils nomment le Netra? S'ils décidaient de nous stopper, seraient-ils aussi destructeurs que nous le sommes ?
 Islunk est une plongée dans l'imaginaire, au cœur du monde subaquatique et de ses habitants. Islunk est un témoignage, celui des victimes d'un dérèglement auquel ils doivent faire face. Islunk est un voyage au cœur d'un langage, de réflexions, de spéculations, qui ne sont pas les nôtres. Islunk est le reflet de l'eau, de l'autre côté du miroir. Un monde inconnu, un monde inquiet, qui ne comprend pas ce qu'il a bien pu faire pour mériter un tel courroux. Plonger en Islunk, c’est découvrir le monde immergé, peuplé de créatures stupéfiantes. La beauté et la laideur s’y côtoient, la cruauté et l’harmonie aussi. Mais cet ordonnancement est perturbé, à cause des créatures du Netra : les Hommes. La couture qui tient ensemble les deux mondes se déchire; les eaux deviennent invivables, dégoûtantes, suffocantes. Les Sages de l'Islunk veulent comprendre et empêcher les Hommes de nuire... A moins que...
Résumé Le monde est partagé entre l’Islunk : l’immergé, le connu, et le Netra : l’émergé, l’inconnu. Marès est un consultant des Basses Eaux, envoyé en mission pour interroger les habitants des Hautes Eaux et comprendre ce qui dérègle la machine de l'Islunk. Il y rencontrera une crevette nettoyeuse, une lotte, une seiche, une baleine, un banc de méduses en pleine expansion. Or, rien ne va plus dans les Hautes Eaux. Ces créatures lui racontent les vicissitudes qui les perturbent, comme le corail qui blanchit, l’eau qui tiédit, une ''encre'' visqueuse qui obscurcit le ciel de l'eau et bien d’autres drames encore... De toute évidence, les dieux du Netra envoient des plaies, parce qu’ils sont en colère. Mais pourquoi? Leurs émissaires, les korzenn au bec pointu qui cousent ensemble l’Islunk et le Netra, sauront peutêtre le dire ? Marès doit comprendre. C’est tout au fond de l’océan que les choses s’éclairciront. Un Sage lui parlera des hommes, cette espèce qui n’a pas de nom dans l’Islunk, et qu'il faut stopper, à tout prix.
Extraits
La crevette nettoyeuse : ''Il n’y avait pas meilleur refuge que les tentacules caressants de mon Anémone. Je lui faisais son ménage. C’était mon métier. Elle me nourrissait. C’était un bon arrangement, une symbiose parfaite. (…) Maintenant, je n’ai plus rien à faire. Mon épave est désertée. Il ne reste qu’un squelette gluant. Alors, je fouille, je remue le sable et les coquillages morts, pour trouver quelque chose que je pourrais nettoyer...''
Marès : ''Les Korzenn sont des couturiers. Depuis la première heure du temps, ils cousent ensemble l’Islunk et le Netra. Ils font tenir ensemble l’avers et le revers de notre monde. C’est un travail sans fin. S’il prenait fin, le monde se déchirerait, partirait en lambeaux. Ils hurlent, pour alerter. Ils disent qu’à certains endroits, leurs coutures ne tiennent plus. Ils piquent, repiquent, cent fois, à points serrés, mais il y a des trous, les déchirures s’agrandissent.''
Sur scène : 1 comédien, il est Marès, une sorte de consultant, venu des profondeurs, qui recueille la parole des habitants de l'Islunk, sur les dérèglements qu'ils constatent. 1 comédienne, elle interprète tous les interlocuteurs de Marès, qui vont le guider dans son analyse de ces bouleversements subaquatiques. L'action se concentre autour d'une carcasse de piano, entortillée dans un cordage, posée au fond des océans. Un vestige d’épave peut-être, à moins qu'un humain ne s'en soit débarrassé. C'est le refuge de Marès, dans les Hautes Eaux. Les personnages de la crevette, de la lotte, de la méduse...sont simplement signifiés par les costumes. En effet, nous sommes ici dans l'imaginaire. C'est la forme des jupons des différents personnages qui évoquent leur silhouette.
La Presse (...) Le public a été emporté au fond de l’abysse par les deux comédiens, la truculente Céline Sorin et le majestueux Samir Dib. En plongeant dans « Islunk », les spectateurs ont découvert un monde peuplé de créatures stupéfiantes où la beauté et la laideur se côtoient, tout comme la cruauté et l’harmonie. Une plongée dans l’imaginaire, où le public devient le témoin de la façon dont les habitants du monde immergé sont exploités et victimes d’un dérèglement auquel ils doivent faire face. ( ...)Samir Dib, qui illustre musicalement la pièce de manière irréelle et envoûtante, joue l’ambassadeur. Céline Sorin enchaîne les rôles, facétieuse ou grave, virevoltant autour de ce Némo venu des profondeurs. La Compagnie Sumak a créé un merveilleux conte fantastique, dans une mise en scène superbe, à découvrir.